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4.2 Lois raciales & xénophobie

AAVV 2005. Lois raciales et xénophobie. La frontière des Alpes-Maritimes pendant la guerre: actes des rencontres de Cannes, 26-27 septembre 2003. Ed. CRP 2005, 40p. ISBN 2952366101, 9782952366106

Abstract. L’Histoire ne s’écrit pas seulement dans les livres. Elle s’inscrit aussi dans les lieux, les objets et les hommes, ou encore dans l’art, qui la transcende. Présentée à Cannes en 2003, l’exposition Ombre di confine se proposait d’illustrer les difficultés du métier d’historien, autour de recherches inédites portant sur la question juive sur la Côte d’Azur pendant la seconde guerre mondiale. Tombée dans l’oubli et la mauvaise conscience, l’histoire de cette période tourmentée remonte à la promulgation, par le régime fasciste de Mussolini, des lois raciales qui conduisirent à l’expulsion vers la France des Juifs réfugiés en Italie. On y découvre des fragments de vies brisées, des espoirs volés et toutes ces petites lâchetés et solidarités quotidiennes qui participent à l’écriture de l’Histoire. La fragilité de ces témoignages n’est pas sans poser bien des questions, et notamment celle de la validité des interprétations qui prétendent fonder la mémoire. Elles nous interrogent aussi sur l’actualité des migrations dans ces mêmes régions et sur la pérennité des frontières dont elles semblent attester.

Sommaire de l’ouvrage
Patrick BONNET : Le Festival du film de Cannes contre le fascisme.
Robert CASTELLANA : La frontière comme représentation du territoire dans l’histoire des Alpes du Sud.
Michele MEROWKA : De l’amnésie a la mémoire : les lieux de la mémoire retrouvée dans les Alpes-Maritimes.
Jean-Louis PANICACCI : Xénophobie et lois raciales dans les Alpes-Maritimes de 1939 à 1945.
Paolo VEZIANO : Le rôle des passeurs dans l’émigration clandestine des Juifs de la Riviera des Fleurs vers la Côte d’Azur : regards croisés.
P. MEYER. Lettre autographe du Vicaire de N.D. du Port à Mgr Paul Rémond, Evêque de Nice, le 21 octobre 1943.
Jean KLEINMANN : Le fichier juif des Alpes Maritimes

INTRODUCTION

La mémoire et ses enjeux. L’histoire tragique de l’exode des Juifs sur la Côte d’Azur au cours de la Seconde Guerre Mondiale, a été étudiée par Klaus Voigt et Alberto Cavaglion. Elle a aussi donné lieu à un roman très documenté de JMG Le Clézio, «Etoile Errante». Ces ouvrages laissaient toutefois dans l’ombre les conditions ayant conduit ces milliers d’exilés, venus de toute l’Europe, à chercher refuge sur la Côte d’Azur. Les recherches de Paolo Veziano ont récemment comblé cette lacune. Au-delà d’une documentation inédite, elles nous interrogent sur la tradition d’immigration clandestine qui subsiste dans ces régions ainsi que sur les développements actuels de la xénophobie qui accompagnent cette amnésie collective. Le regard porté sur le passé occupe une place centrale dans la définition des identités. Les historiens sont souvent invités à apporter leur caution «scientifique» à ce travail de reconstruction. Ils ont été plus particulièrement sollicités ces derniers temps à propos de l’époque de la seconde guerre mondiale. Devoir de mémoire, travail de mémoire ou lieux de mémoire, la «question juive» est tout naturellement au cœur de ces interrogations. C’est sous l’influence de l’Allemagne nazie que le régime fasciste italien avait adopté, en 1938, les lois raciales qui allaient conduire à l’expulsion des Juifs étrangers du territoire national. La décision des autorités transalpines prenait officiellement pour prétexte l’afflux massif de réfugiés fuyant les persécutions nazies, dont ils étaient alors victimes dans l’ensemble des pays d’Europe centrale et orientale. Ces réfugiés étaient le plus souvent titulaires de visas de tourisme. L’Italie représentait en effet l’une des principales destinations touristiques de l’époque et ses importantes infrastructures hôtelières étaient les seules à permettre l’accueil de populations aussi importantes. La promulgation des lois raciales eut ainsi pour résultat de conduire les juifs étrangers à chercher refuge vers une destination touristique voisine, la Côte d’Azur. Ils furent d’ailleurs, plus ou moins discrètement voire parfois fermement, encouragés dans ce sens par les autorités italiennes. Dans les années suivantes, l’Italie allait envahir la région niçoise. Elle se retrouva à nouveau confrontée à la question juive à laquelle les lois raciales étaient censées avoir mis un terme. Les autorités militaires firent preuve à cette occasion d’une attitude qui relativise, sans l’excuser, la politique xénophobe édictée par le régime mussolinien. A la différence des allemands et des français, les italiens ne procédèrent pas à la déportation des juifs. Ils ne les employèrent pas non plus au travail forcé, se contentant de les assigner à résidence.

La frontière, lieu de mémoire. De nos jours, la suppression administrative d’une frontière riche d’histoire et de drames humains nous interroge sur la pérennité d’une limite plus difficile à appréhender. Les Alpes représentent en effet une frontière culturelle et géographique millénaire. Si les acteurs ont changé, les flux migratoires y demeurent toujours aussi intenses, ainsi que la permanence de la tradition du passage clandestin. L’actualité des itinéraires historiques de l’immigration clandestine en atteste, de même que les commentaires qu’en donnait alors la presse locale. Les voies maritimes empruntées par les passeurs de l’époque ont par exemple été transférées vers les régions méridionales de la péninsule italienne. Leur description mettait toutefois en évidence la dure condition du petit monde des pêcheurs, lesquels constituaient l’essentiel des effectifs des passeurs. Les rares documents relatifs à cet univers méconnu attestent à ce propos de la rencontre de deux misères, la détresse des réfugiés se faisant l’écho de la pauvreté des autochtones. Les archives de cette période témoignent ainsi de manifestations de solidarité qui sont aux antipodes des opinions communément admises sur l’univers des passeurs et des clandestins. Leur criminalisation s’exprimait cependant, et cela non sans fondements, dans des termes qui restent actuels. Les témoignages recueillis restituent cette dimension humaine, celle d’une tragédie dont les acteurs composent un tableau pittoresque et attachant. La description des itinéraires terrestres des passeurs est tout aussi intéressante par son actualité. On y retrouve notamment les premières mentions du «passage de la mort» et celle de bien d’autres chemins de traverse, toujours aussi fréquentés si l’on en croit la chronique contemporaine tenue par la presse locale. La permanence des migrations clandestines contribue par là même à réactiver de tristes souvenirs auprès de la population locale. L’histoire est fondée, de ce point de vue, à convier à entreprendre un travail de mémoire. Son importance trouve une illustration dans la permanence des thèmes xénophobes inaugurés par le fascisme italien. Comme on le verra, la propagande fasciste évoquait déjà les fantasmes de l’invasion ou de la dégénérescence et la nécessité d’instaurer des «quotas». Elle dénonçait de même les dangers induits par l’immigration sur le marché du travail, tout en faisant appel au « devoir humanitaire» d’assistance aux immigrés. Quant à l’antisémitisme, il ne cesse hélas de renaître, sous des formes inspirées pour l’essentiel des vieilles thèses du complot juif mondial, issues du Protocole des Sages de Sion.

OMBRE DI CONFINE : CATALOGUE DE L’EXPOSITION

Histoire et mémoire. Cette exposition se proposait d’illustrer les difficultés du métier d’historien autour de la présentation de recherches inédites portant sur la question juive sur la Côte d’Azur pendant la seconde guerre mondiale. Ces recherches ont fait l’objet d’une publication intitulée Ombre di confine, dont l’auteur est l’historien italien Paolo Veziano, et que nous avons cherché à résumer ici. L’histoire de cette période tourmentée avait sombré dans l’oubli et la mauvaise conscience. Elle remonte à la promulgation, par le régime fasciste de Mussolini, des lois raciales qui conduisirent à l’expulsion vers la France des Juifs réfugiés en Italie. Les documents témoignant directement de cette tragédie sont quasiment inexistants. L’historien a donc été contraint d’aller fouiller dans les «poubelles» de l’Histoire, d’où il a exhumé des courriers administratifs, des rapports de police, des procès-verbaux de Gendarmerie, les sentences des tribunaux ainsi que des articles consacrés à ces évènements par la presse locale, dans la rubrique des «Faits Divers». On y découvre des fragments de vies brisées, des espoirs volés et toutes ces petites lâchetés et solidarités quotidiennes qui participent à l’écriture de l’Histoire. La fragilité de ces témoignages n’est pas sans poser bien des questions et notamment celle de la validité des interprétations qui prétendent fonder la mémoire. Car l’histoire ne s’écrit pas seulement dans les livres. Elle s’inscrit aussi dans les hommes, les lieux, les objets ou encore dans l’art, qui la transcende.

1° partie. L’antisémitisme italien. Instaurées en Allemagne en 1935, les lois raciales allaient retirer aux Juifs leur citoyenneté allemande et leur interdire de se marier avec des «aryens». Des critères furent par ailleurs établis afin de permettre de juger de la pureté de la race en fonction des ascendances familiales. Pour la première fois dans l’histoire, des hommes allaient être ainsi persécutés non pas pour leurs croyances ou leurs pratiques religieuses, mais à cause d’une prétendue identité de race transmise par le sang. Les lois raciales furent par la suite imposées à tous les territoires soumis à l’influence du régime nazi. En Italie, elles firent l’objet d’un décret en date du 7 septembre 1938. Il se traduisit par l’expulsion de tous les Juifs installés dans la Péninsule depuis 1919, ainsi que par la déchéance de la nationalité italienne pour tous ceux l’ayant obtenue après cette date. Ces lois s’accompagnèrent aussi de la diffusion de thèmes xénophobes plus particulièrement illustrés par la revue fasciste et anti-sémite «Diffesa della razza» (Défense de la race). Ces discours xénophobes et racistes demeurent hélas d’une grande actualité, qu’il s’agisse de la menace d’une invasion conduisant à l’abâtardissement de la race et de la nécessité d’établir des quotas ou encore des accusations de délinquance portées contre les immigrés.

2° partie. L’antisémitisme français. On ne trouve pas trace d’un projet d’anéantissement physique de la race juive dans les discours tenus par les principaux responsables de l’Etat français à l’époque de l’occupation. Le gouvernement de Vichy a pourtant été l’instrument actif des politiques d’extermination qu’allait mettre en place l’Allemagne nazie. Le concours apporté par les autorités de Vichy ainsi que par de nombreux Français a plus particulièrement conduit à la définition, au classement et à l’isolement des Juifs au sein de la population, de même qu’à l’encouragement de l’antisémitisme avec une propagande ouvertement raciste et xénophobe encouragée par la participation de l’appareil d’Etat, administration et police, aux opérations commanditées par les autorités allemandes et cela dans le cadre d’une politique de collaboration officielle visant avant tout à obtenir pour la France une meilleure place dans l’Europe hitlérienne. Il faut ainsi rappeler que les effectifs des services de police allemands en France ne s’élevaient qu’à trois mille hommes et que les quatre cinquièmes des Juifs déportés de France ont été arrêtés par les seules forces de police françaises. On estime qu’environ 76000 Juifs auraient été déportés de France vers les camps nazis, ce qui représente le quart de la population juive résidant dans le pays en 1940. Seuls quelques 2 500 d’entre eux auraient échappé à l’extermination.

3° partie. Errants à travers le monde. C’est en 1853 que Gobineau théorise pour la première fois la notion de race, suivi en 1898 par Chamberlain et en 1907 par Fritsch. Dinter va vulgariser une nouvelle forme d’antisémitisme, issue de ces ouvrages, dans un roman populaire dont le tirage atteint les 200 000 exemplaires en 1922. En 1920, paraît le texte de Binding/Hoche, véritable programme de l’Euthanasie. En 1921, est publié un livre qui exercera une grande influence sur Hitler, l’«Hygiène des races» de Bauer/Fischer/Lenz. Quant à l’essai de vulgarisation «scientifique» de Günther, le «Rasse-Günther», il fut diffusé, entre 1922 et 1943, à 270 000 exemplaires. Les nazis vont donner à ces thèses une traduction concrète dont l’horreur ne cesse depuis de nous interroger. Dès l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler, en 1933, le premier camp de concentration officiel ouvre ainsi à Dachau, suivi du boycott des magasins et des entreprises juifs, de l’interdiction faite aux juifs d’enseigner dans les universités ou de travailler dans des services publics ainsi que d’autodafés de livres écrits par des juifs. Les persécutions ne vont cesser dès lors de se multiplier. Elles déboucheront sur la mise en œuvre d’une politique d’extermination massive, qui conduisit à la mort les 5 à 6 millions de juifs rassemblés dans les camps de concentration nazis, avec le concours des polices et des autorités de leurs pays d’origine. L’expulsion des Juifs sur la Côte d’Azur est un épisode peu connu de cette tragédie. Il s’accompagne de l’apparition d’un discours xénophobe largement relayé par la presse. Ces idées constituent une nouveauté dans une région jusqu’alors consacrée à l’accueil des touristes étrangers et des nombreux travailleurs immigrés, italiens pour l’essentiel qui ont assuré le développement du tourisme de stations.

4° partie. La Communauté juive de la Riviera. La présence d’une communauté juive immigrée est attestée dès 1933 sur la Riviera italienne, essentiellement à San-Remo et dans ses environs, où est alors créée une section de la Communauté Israélite de Gènes qui y possède même un lieu de culte. Dans les années suivantes, l’Union des communautés juives italiennes s’organise. Afin de trouver des solutions à l’afflux croissant de réfugiés, elle crée à Milan un Comité d’assistance aux réfugiés Juifs, le COMASEBIT. Ce comité a pour but de rechercher des aides à l’étranger, notamment auprès de l’Hebrew Immigrant Aid Society, du JOINT ou encore de l’HICEM qui finance déjà l’immigration des Juifs vers la Palestine. En août 1938, le recensement des Juifs étrangers ordonné par les lois raciales dénombre 2083 citoyens Allemands, 279 Polonais, 402 Autrichiens et 640 sujets de diverses nationalités. En 1939, on compte près de 9 000 Juifs étrangers établis en Italie et concernés par le Décret d’expulsion, dont 5 000 encore présents sur le territoire. Ils sont originaires de l’ensemble des pays d’Europe centrale et orientale et se retrouvent pour la plupart sur la Riviera italienne dans l’attente d’une possibilité de gagner la France voisine. L’Union crée à cette même date la Délégation pour l’Assistance aux Emigrés (DELASEM), qui entretient des rapports avec les organisations juives françaises notamment avec le Comité de Nice.

5° partie. La condition des réfugiés sur la Riviera. A partir de la promulgation des lois raciales, les juifs installés en Italie de longue date viennent eux aussi rejoindre le flot des réfugiés regroupés sur la Riviera, dans l’attente d’une expulsion vers la Côte d’Azur française. Cet afflux de populations, qui errent en mendiant dans les rues, va susciter une émotion réelle auprès de la population locale. La Riviera italienne est en effet en plein développement, sous l’influence du tourisme de stations, qui a vu l’installation dans la région d’une grande partie de l’aristocratie européenne. Confrontés à la misère des populations autochtones, les touristes Anglais, Russes ou Allemands ont multiplié depuis le XIXème siècle un grand nombre d’activités philanthropiques. Malgré l’existence de cette tradition caritative, l’assistance aux réfugiés va se révéler largement insuffisante, alors que les autorités italiennes collaborent dans le même temps avec le régime nazi, autour du recensement des Juifs étrangers. Les suicides ou les conversions au christianisme dont les archives de police et les journaux ont gardé la trace, révèlent l’ampleur du désarroi qui frappe à cette époque les Juifs réfugiés sur la Riviera italienne.

6° partie. L’assistance aux réfugiés sur la Côte d’Azur. A leur arrivée sur la Côte d’Azur, les réfugiés Juifs vont trouver une communauté installée de longue date et parfaitement intégrée à la société locale. Un siècle de villégiature a par ailleurs permis de développer une tradition d’accueil qui se traduit par l’existence d’importantes infrastructures hôtelières. La communauté juive de Nice crée de plus, dès 1939, un Comité d’Assistance aux Réfugiés, affilié au Groupement Israélite d’Aide et de Protection. L’aide humanitaire est bien réelle, avec ses restaurants et d’autres initiatives similaires. La question des réfugiés pose toutefois des problèmes dont la presse locale se fait largement l’écho, avec l’Eclaireur, un journal plutôt conservateur et le Petit Niçois, de tendance libérale. Les débats de l’époque ne sont pas sans rappeler, par leur teneur, l’actualité de l’immigration clandestine. Dans le même temps, les autorités de Vichy mènent une politique répressive clairement anti-sémite. Les autorités italiennes mettent par ailleurs en place l’assignation à résidence des juifs dans les villages de l’arrière-pays, une pratique qui avait déjà conduit, lors de la déclaration de guerre, à déporter en masse les habitants des régions frontalières.

7° partie. Les routes maritimes. L’expulsion massive des Juifs étrangers en direction de la Côte d’Azur, qui fit suite à la promulgation des lois raciales en Italie, se déroula dans la plus grande confusion. Les fonctionnaires italiens semblent en effet n’avoir pas reçu d’instructions précises à ce propos. C’est le petit monde des pêcheurs qui fut l’instrument de cet exode, dans des conditions extrêmement précaires avec des embarcations destinées à d’autres usages. Une tradition du «passage» clandestin voyait ainsi le jour. Elle s’est à présent institutionnalisée, avec d’autres acteurs et d’autres méthodes. La police italienne cautionna largement ces pratiques, les encourageant le plus souvent quand elle n’était pas directement impliquée dans ces opérations illicites. Pour mieux comprendre le contexte humain de cette tragédie, il faut savoir que les passeurs vivaient dans des conditions tout aussi misérables que celles de leurs clients. Avec l’intensification des contrôles, les risques devinrent rapidement plus importants que l’appât du gain, comme en attestent les sentences des tribunaux et la disparition des filières qui s’ensuivit.

8° partie. Les routes terrestres. Un fichier des Juifs est établi en France dans chaque préfecture dès 1940, à la suite d’une ordonnance allemande. Les préfets vont dès lors assigner à résidence les «étrangers de race juive» ou les interner dans des «camps spéciaux», un terme qui désigne en fait des camps de travail forcé. Près de 40000 juifs étrangers seront ainsi regroupés en 1941, dans les camps installés en zone non occupée. En juillet 1942, les nazis fixent aux autorités françaises l’objectif de déporter 100000 juifs de France âgés de 16 à 40 ans. A la suite de négociations avec les responsables de la Gestapo, le secrétaire général à la Police, René Bousquet, assure que la police française arrêtera les Juifs dans les deux zones, occupée et non occupée. Il aurait obtenu, en contrepartie, que les rafles ne concernent que les Juifs étrangers. Paradoxe de l’histoire, un nombre important des Juifs réfugiés sur la Côte d’Azur va échapper aux persécutions des autorités françaises lors de l’arrivée des troupes allemandes. A la suite de l’armée italienne, ils franchissent à nouveau la frontière des Alpes en direction de la Péninsule où ils seront pris en charge par la population.

9° partie. Témoignages de la Shoah. Les événements qui se sont déroulés sur la Côte d’Azur au cours de la seconde guerre font partie d’une tragédie concernant l’ensemble de l’Europe. Les lois raciales ont en effet conduit, en l’espace d’une décennie, à l’extermination de plusieurs millions de Juifs, et de centaines de milliers de communistes et de tziganes. Le fascisme, le racisme, le négationnisme, l’épuration ethnique, les génocides et l’immigration clandestine n’ont cessé de se développer depuis cette date.

  • mars 1933. Le premier camp de concentration allemand voit le jour à Dachau.
  • novembre 1935. L’Allemagne nazie instaure la première définition raciale des juifs : avoir des parents ou des grands-parents juifs et être membre de la communauté juive.
  • juillet 1936. Ouverture du camp de Sachsenhausen.
  • juillet 1937. Ouverture du camp de Buchenwald.
  • début 1938. Ouverture du camp de Flossenburg.
  • août 1938. Création à Vienne du bureau d’émigration juif, destiné à accélérer l’expulsion des juifs d’Europe centrale.
  • août 1938. Ouverture du camp de concentration de Mauthausen, en Autriche.
  • octobre 1938. A la demande des autorités suisses, l’Allemagne appo-se la lettre « J » dans les passeports appartenant aux juifs afin de réduire l’émigration vers ce pays.
  • novembre 1938. La Nuit de Cristal, Kristallnacht, donne lieu à des pogroms anti-juifs en Allemagne, en Autriche et dans les Sudètes : 200 synagogues sont détruites, 7 500 magasins juifs sont pillés et 30 000 juifs sont emprisonnés dans les camps de concentration.
  • mai 1939. Ouverture du camp de concentration de Ravensbruck.
  • mai 1940. Ouverture du camp d’Auschwitz, en Pologne.
  • juin 1940. Ouverture du camp de Neuengamme.
  • septembre 1940. Ouverture du camp de Breendonck, en Belgique.
  • novembre 1940. Le ghetto de Varsovie est créé. Près de 500 000 personnes y seront concentrées.
  • avril 1941. Ouverture du camp de concentration de Natzweiler-Struthof, en France.
  • juillet 1941. Göring ordonne la solution finale. En quelques mois, les Nazis vont massacrer plusieurs centaines de milliers de juifs.
  • automne 1941. Ouverture du camp d’extermination de Belzec, en Pologne.
  • octobre 1941. Ouverture du camp d’Auschwitz II (Birkenau).
  • décembre 1941. Ouverture du camp d’extermination de Chelmno, où seront exécutés 340 000 juifs et 20 000 polonais.
  • janvier 1942. La Conférence de Wannsee fixe les grandes lignes d’un plan visant à l’extermination totale des juifs en Europe.
  • juillet 1942: Ouverture du camp d’extermination de Treblinka
  • fin 1942. Début des exterminations à Belzec, où 600 000 juifs seront exécutés.
  • avril 1943. La révolte du ghetto de Varsovie éclate lorsque les nazis décident de liquider ses occupants.
  • automne 1943. Les ghettos de Minssk, Vilna et Riga sont à leur tour investis.
  • octobre 1943. 250 000 prisonniers ont déjà été exterminés par le gaz dans le camp d’extermination de Sobibor.
  • mai 1944. Déportation de 380 000 juifs hongrois à Auschwitz.
  • novembre 1944. Les juifs de Terezin sont déportés en masse vers Auschwitz.

Réalisation. L’exposition «Ombre di Confine» a été réalisée par Robert Castellana, avec la collaboration de Vassiliki Mavroidakou et d’Olivier de Neuville. Les documents présentés ont été rassemblés par Paolo Veziano, à partir d’archives locales françaises et italiennes. Nous tenons aussi à remercier Tamara Deuel et Bertrand Pigeon pour la mise à disposition de leurs dessins, peintures et sculptures ainsi que Patrick Bonnet, secrétaire de l’Union locale de la CGT et Pierre Bernasconi, conseiller régional, pour leur soutien. Cette manifestation a bénéficié d’une subvention du Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur.

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