Culture, introduction et diffusion de plantes à usages rituels en Méditerranée occidentale
Illustration. Localisée dans des terroirs abrités des rigueurs hivernales, l’orangeraie méditerranéenne remonte à l’Antiquité gréco-romaine. Elle connaitra ses principaux développements à l’époque arabo-andalouse, puis à partir du moyen-âge sous l’impulsion de l’industrie naissante de la parfumerie.
Abstract. Le bouquet rituel de la fête juive de Souccot se compose de 4 plantes qui font l’objet de prescriptions rituelles très strictes. On trouve parmi elles le cédrat (etrog), dont l’introduction atteste d’une introduction précoce des agrumes, à travers l’existence d’un vaste réseau concernant l’ensemble de la Méditerranée et s’étendant même jusqu’au Yémen et à la façade atlantique du Maroc. Cette entreprise pionnière d’acclimatation relève d’une étonnante collaboration qui associe les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans, à des titres divers et à des périodes différentes. Initiée dès l’Antiquité par les Juifs avec le cédratier (Citrus medica), elle connaît un tournant majeur lors de l’introduction du bigaradier (Citrus bigaradia), due aux Arabes. Cet agrume robuste servira en effet de porte-greffes et permettra par la suite l’introduction des agrumes les plus délicats.
Sommaire
1.BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
2.AGRUMICULTURE & PARFUMERIE
*Agrumes et palmiers
*Les principales cultures de l’orangeraie ligure
*Essences et huiles essentielles
*Huiles essentielles et eaux parfumées
*L’orangeraie mentonnaise et la modernité
*Le retour du cédrat en Corse
Citer cet article: CASTELLANA R. 2000. Culture, introduction et diffusion de plantes à usages rituels en Méditerranée occidentale. In: Actes des IV° Rencontres Universitaires Corses de Nice (version Web mise à jour). Lien
Lire l’article original: http://gardenbreizh.org/
INTRODUCTION
L’introduction des agrumes dans l’ère culturelle méditerranéenne débute dès l’Antiquité, lorsque les Juifs implantent dans ces régions la culture du cédratier (Citrus medica) à des fins rituelles. Au moyen-âge, l’arrivée d’une variété porte-greffe, l’oranger amer ou bigaradier (Citrus aurantium), va permettre de diversifier les cultures. Elle va aussi poser la question de la pureté rituelle du cédratier. Il s’agit d’une particularité propre aux agrumes, l’existence de mutations spontanées et d’hybridations qui ont conduit à une extrême diversification du genre. L’extraordinaire facilité qu’ont les agrumes à se féconder les uns les autres (entre variétés, entre espèces voire même entre genres) et leur capacité à muter très facilement, n’ont pas facilité la tâche des premiers taxinomistes. Les travaux récents des biologistes français et espagnols (en matière de diversité et de structuration génétique des agrumes) viennent d’établir une nouvelle classification qui rejoint les données ethnobotaniques issues des traditions culturales. Le cédrat est bien le premier agrume à être introduit en Méditerranée (vers 300 avant J.C.) en provenance de la Mésopotamie. La bigarade est arrivée bien plus tard entre le IXe et le XIe siècle et bien avant l’orange douce. Les chercheurs ont par ailleurs établi l’origine géographique du citron jaune (né du mariage entre le bigaradier et le cédratier) entre la Méditerranée et la Mésopotamie.
1.BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
Citrus investigation : origines et diversité des citrons. INRA-CIRAD San Giuliano & IVIA Valencia 2016.
Illustration : les 4 espèces « ancestrales » d’agrumes (INRA-CIRAD & IVIA)
Abstract. Le genre Citrus, qui regroupe l’essentiel des espèces d’agrumes cultivés est le plus diversifié des genres d’agrumes (orangers, citronniers, cédratiers, mandariniers, pamplemoussiers, bergamotiers, bigaradiers, limettiers, pomelos…). Les principales espèces qui composent ce genre étant sexuellement compatibles entre elles et avec les autres genres d’agrumes, il n’y a pas vraiment de consensus quant au nombre d’espèces de Citrus. L’ensemble des espèces de ce genre est probablement issu de croisements directs ou successifs de quatre espèces ancestrales : le cédratier, le mandarinier, le pamplemoussier et un papéda. Par différents croisements, ces taxons de base auraient généré les espèces dites secondaires : les orangers, les pomelos, les citronniers, les bigaradiers et les clémentiniers. Lire l’article : inra.fr
The Search for the Authentic Citron (Citrus medica L.). Historic and Genetic Analysis. NICOLOSI E., LA MALFA S., EL-OTMANI M., NEGBI M., GOLDSCHMIDT E.E. 2005. In: HORT SCIENCE 40(7) 1963–1968.
Abstract. L’introduction des agrumes dans l’ère culturelle méditerranéenne débute dès l’Antiquité, lorsque les Juifs implantent dans ces régions la culture du cédratier (Citrus medica) à des fins rituelles. Au moyen-âge, l’arrivée d’une variété porte-greffe, le bigaradier, va poser la question de la pureté rituelle du cédratier. Les caractéristiques définissant cette pureté rituelle ont été définies au fil des siècles au travers de descriptions d’ordre morphologiques, concernant les différentes parties du fruit. Ce n’est que récemment qu’une étude de caractérisation génétique a été entreprise. Elle confirme dans ses grandes lignes la pertinence des définitions traditionnelles de la Kashrout. L’étude a concerné 12 génotypes de Citrus medica L. qui ont été comparés à d’autres agrumes très proches: Citrus maxima Merr., Citrus reticulata Blanco, Citrus limon (L.) Burm. F. et Citrus aurantium L. Lire l’article: hortsci.ashs
2.AGRUMICULTURE & PARFUMERIE
Aux sources de l’orangeraie azuréenne. La culture des agrumes est attestée dès le moyen-âge dans la région de Bordighera et de Sanremo. Il s’agit plus particulièrement du cédratier, de l’oranger et du citronnier, lesquels donnent lieu (dès la fin du 17° siècle) à la production d’essences et d’eaux parfumées en liaison avec le marché français voisin de Grasse. Le cédrat est le premier agrume à être introduit en Méditerranée en 300 avant J.C. en provenance de la Mésopotamie. La bigarade est arrivée bien plus tard entre le IXe et le XIe siècle et bien avant l’orange douce. Au 18° siècle, l’agrumiculture ligure est déjà réputée et ses produits s’exportent jusqu’en Angleterre, en lien probablement avec les prémices du tourisme naissant, comme le rapporte Horace Benedict De Saussure en 1796 dans son Voyage dans les Alpes (tome 3, p 183) : «Près de St Remo la nature se ranime : on traverse des jardins remplis d’orangers, de citronniers et de palmiers de la plus grande beauté. St Remo est en effet de tout l’Etat de Gênes l’endroit le plus renommé pour les productions de ce genre. C’est là que se prépare la meilleure eau de fleurs d’oranges et la meilleure essence de citron.»
Agrumes & Palmiers. La saison des agrumes prend place au cœur de l’hiver dans la palmeraie italienne de Bordighera comme dans l’ensemble de la région frontalière. Cette palmeraie atypique remonte à la fin du moyen-âge. Elle fournissait alors, outre les feuilles de ses palmiers dites loulavim, des fruits de cédratiers. Ces productions étaient destinées à la fête juive dénommée Soukkhot, ou Fête des Cabanes. La production de cédrats rituels allait toutefois rapidement décliner, suite à des doutes sur la pureté rituelle (kashrout) des cultivars employés.
Ill. orangers & dattiers dans la palmeraie historique de Bordighera
Le cédratier, Citrus Cedra, est étroitement lié à l’histoire des agrumes (il est le seul connu du monde antique), et à celle des juifs qui semblent l’avoir diffusé en Méditerranée orientale à des fins essentiellement rituelles et médicinales. Il s’agissait d’ailleurs d’un produit précieux et onéreux. Le cadre général des terroirs producteurs de cédrats en Méditerranée occidentale semble confirmer la présence quasi-systématique de communautés juives très anciennement implantées. On connaît bien par ailleurs le rôle joué par les Arabes dans la diversification des agrumes en Méditerranée occidentale dès les IX°-X° siècles avec l’occupation de la Sicile, et celle de l’Espagne et du Maroc. Ces régions concentrent les terroirs susceptibles cultivés en cédrats, en fait relativement rares et généralement disséminés sur les côtes les plus abritées. La délicatesse de la plante et le peu de débouchés commerciaux offerts par cette production se conjuguent pour expliquer cette rareté dans sa diffusion.
Les principales cultures de l’orangeraie ligure. La région allant de Menton à Sanremo produisait, à la fin du moyen-âge, trois types de fruits : les citrons dits «alla tedesca» exportés en Europe centrale, les cédrats pour les fêtes juives (dits «all’ebrea») et les autres fruits lesquels étaient notamment destinés à l’industrie niçoise et grassoise de la parfumerie.
Ill. Citrus medica, le cédratier, ancêtre de l’orangeraie méditerranéenne (Antonio Targioni Tozzetti 1825)
Luigino Maccario 1995. Gli agrumi nel Ponente: Il “Magistrato de’ Limoni” e le tre principali colture. Nei primi anni del Settecento, pur persistendo la produzione familiare, che aveva caratterizzato l’inserimento di questa cultura in zona, veniva istituito il “Magistrato de’ Limoni” che presiedeva alla raccolta ed alla vendita della produzione locale,”, in Bordighera, Mentone e Ventimiglia. Il Magistrato gestiva l’osservanza dei ‘capitoli’, attraverso controllori dei frutti, appoggiati da estimatori, incaricati di reclutare i raccoglitori, e di sentenziare i prezzi di mercato. Il proprietario di limoneti non poteva interferire ne’ raccogliere il prodotto e soltanto a fine stagione riceveva il dovuto. Due capitoli regolamentavano la pezzatura del limone, sia nella maturazione, sia nella qualità, classificandola secondo le piazze di smercio. In generale erano selezionati: limoni alla tedesca, destinato al centro Europa, limoni e cedri all’ebrea, per la ricorrenza liturgica dei “Cedri”, raccolto col peduncolo e una o più foglie e spedito, in cestoni di canna, assieme ai cedri coltivati nella piana di Carnolese, presso Mentone, e frutti da torchio. Ligure. Source: http://www.cumpagniadiventemigliusi.it/
Essences & huiles essentielles. Les agrumes sont le seul genre de plantes à posséder (dans leur écorce), des concentrations de principes aromatiques suffisamment concentrés pour être extraits directement. Nommés Essences, ces extraits sont probablement les premiers à avoir été exportés à partir de l’orangeraie de la Riviera italienne, ainsi que le simple jus de citron, lequel permettait de produire un article précieux à l’époque, l’acide citrique (très prisé des marins afin d’éviter la terrible maladie dénommée « scorbut »). Les agrumes concernés étaient ceux qui n’entraient pas dans le « calibrage » de la production fruitière illustrée ci-dessous.
Ill. Anneaux pour le calibrage des citrons employés dans la région de Bordighera
* Les essences d’écorces & l’extraction par expression à froid. La méthode originelle, dite parfois « à la cuillère », consiste à gratter manuellement les écorces avec une cuillère ou une râpe pour briser les sacs oléifères. Il faut environ 1500 fruits pour produire ainsi un kilogramme d’essence de citron. Cesare da Prato 1876 dans le Guido di Sanremo évoque cette pratique: ”…come pure avveniva di grattugiare i limoni per estrarre l’essenza, che messa in picole bottiglie, portavasi in Francia, dove serviva a diversi usi”. Source: http://www.sanremonews.it/l
* Le limonier de Saint-Remi et l’àgru di limone Le Limon Sancti-Remi, Limone di San-Remo, Citrus Limonum Sancti-Remi, dit aussi Aigre de Cèdre, est mentionné comme le « suc qu’on exprime d’une certaine espèce de citrons à demi murs qui viennent de Borghère près de S. Remo. » nous apprend le Dictionnaire universel de commerce, d’histoire naturelle et des arts et métiers (Genève 1742. Sv Citron). « L’acide citrique se trouve en plus grande abondance dans le suc de ce limon », ajoute le naturaliste Risso dans son Histoire Naturelle des principales productions de l’Europe Méridionale …/… et principalement de celles des environs de Nice et des Alpes Maritimes (1926, Volume 1 Sv C. L. Sancti Remi). Selon Maccario Luigino (1995 Gli agrumi nel Ponente Ligure) « Tutti i frutti di scarto e quelli piccoli, non venivano esportati, ma lavorati da alcuni imprenditori locali che producevano il succo di limone, detto “l’àgru”, che trovava esportazione sia in Italia, sia in Europa. Dal succo acquistato localmente, industrie genovesi o nizzarde producevano l’acido citrico, indispensabile per la cura dello scorbuto, fin dal Settecento. Ventimiglia, Latte e Bordighera erano i maggiori centri di produzione ed imbottigliato in una grossa bottiglia da otto litri, detta “Bombona”. L’acido citrico veniva altresì usato nella confezione di bevande, nella tintura di alcuni tipi di tessuto, ed ancora in medicina, come emostatico ed astringente. A Nizza, per la produzione dell’acido citrico, al succo di limone veniva aggiunto il succo del melangolo, localmente chiamato bigarandi. Per saturare il succo a disposizione si usavano crete bianche locali e venne costruito un particolare forno vaporativo. Nei primi anni di produzione del succo, secondo i dettami capitolari, si usava la “naveta da cavare l’agro de limoni”, una sorta di spremitore artigianale; in seguito, per aumentare la produzione, veniva introdotta la torchiatura, con conseguente peggioramento del prodotto e relativa diminuzione del mercato. » Source: http://www.cumpagniadiventemigliusi.it/
Huiles essentielles & eaux parfumées. Les principales productions attestées à la fin du 17° siècle dans les orangeraies de Sanremo & Bordighera montrent que les cultivateurs ligures maitrisaient déjà la distillation, et même la double distillation, des parties aromatiques des agrumes, les fleurs comme les feuilles.
Ill. le bigaradier ou oranger amer dont les fleurs, les feuilles, l’écorce et la pulpe sont toutes utilisées en parfumerie (Illustration Risso 1826)
Delibere del consiglio di Sanremo. Nel 1662 Sanremo produceva da 20 a 25 milioni di limoni e diversi spiriti, olii, acque e essenze di agrumi.
- Spirito di limoni agri, dolci e cetroni dolci. Il 22 dicembre 1692. Viene data licenza di fare spirito di limoni agri, dolci e cetroni dolci quali però sijno compri per mano di sensale pubblico e che detti censali non possino li limoni agri esser compri meno di lire otto il migliaio.
- Fiori di cetrone. Il 4 maggio 1710. Sentiti gli inconvenieti che seguono in rubbar pomi e fiori di cetrone sopra gli alberi in grave danno agli padroni de giardini, hanno proibito a qualunque persona di comprar fiori di cetrone fuor dai veri padroni dei giardini.
- Essenza di limonesi. Dal copia lettere (Dal Gennaio 1767 al al 23 marzo 1769) la penultima lettera del 23 marzo, indirizzata a Mentone al Sig. Franco Anton Gismondi ”… L’essenza di limonesi paga lire 5.12 a 16 – io però ne tengo due stagnoni di quella fatta prima del gelo e compra da particolari incapaci di farti alcun per frando che a meno di L. 6 -10 non voglio rilasciarla, se mai farebe al vostro bisogno sarò a servirla a detto limite non a meno.
- Acqua di fior di aranci doppiamente distillata. Piaccervi di far nota di prendermi 20 o 25 fiaschi grandi d’acqua di fior di aranci della più perfetta e doppiamente distillata perché deve servire ad una certa casa di Londra, in maniera che l’amico resti ben soddisfatto.
- Olio estratta dalle foglie. Non solo dai fiori , ma anche dalle foglie so estraeva olio, tale operazione era seguita da privati, dai profumieri per loro uso e dai farmacisti per esercizio pubblico.
Source: Lui Cerin 2012. http://www.sanremonews.it/
L’orangeraie mentonnaise & la modernité. L’agrumiculture mentonnaise relève, jusqu’au 19° siècle, de la Principauté de Monaco dont la commune fait partie. Au début du siècle suivant, sa production demeure importante mais son déclin s’amorce rapidement. Son orangeraie entre dès lors dans le domaine du patrimoine, avec l’initiative de la fête carnavalesque des citrons qui perdure de nos jours. Une initiative qui a aussi permis de relancer récemment les cultures locales.
Ill. La fête des citrons (photo Saskia Heijltjes Creative commons)
*Le citron de Menton et le revival de l’orangeraie mentonnaise. Trois variétés de citronnier étaient cultivées à Menton. Il s’agit des « Bignettes » qui produisent des fruits à peau lisse et fine, très juteux. Ensuite les « Sériesqués » à peau épaisse et lisse et qui contiennent moins de jus que les Bignettes. Enfin les « Bullotins » peu courant à Menton. Les fruits sont plus gros, leur peau est très épaisse et raboteuse » et ont peu de jus. Afin de redynamiser la production, les agrumiculteurs mentonnais ont créé l’Association Pour la Promotion du Citron de Menton (APCM). En 2015, le Citron de Menton bénéficie d’une IGP (Indication Géographique Protégée) qui reconnait officiellement, au niveau européen, ses propriétés et sa qualité. Source : citrondementon.org/
*L’orangeraie mentonnaise et les statuts de la Principauté de Monaco (1678). « Il demeure prohibé à qui que ce soit, nul excepté de pouvoir vendre, acheter ou passer tout autre contrat sur les citrons de Menton, avant que leur prix n’ait été établi comme il est dit ci-dessous avec les conditions et accords qui auront été estimés les plus convenables, suivant l’occurrence des temps et cela pour que 1’on puisse, plus utilement et avec certitude, délibérer sur la valeur et la teneur de pareils contrats. Dans 1’avenir, le Conseil Public de ce lieu, sera composé de 18 conseillers qui seront désignés, chaque année par Nous, lesquels, lors de leur nomination, seront tenus de jurer, entre les mains de notre Capitan et Gouverneur, sur les Saints Évangiles, qu’ils donneront toujours leur vote respectif en toute bonne foi et selon ce qu’ils estimeront plus conforme au bien commun, laissant de côté toute passion et intérêt privé et qu’ils observeront, ponctuellement, le contenu des présents chapitres. » Les statuts de 1678 concernant la vente des citrons à Menton nous permettent de connaître les dispositions légales et le rôle des gens responsables des cueillettes, notamment des « conseils agricoles ». Le prince nommait « des délégués », le Comité (ou « magistrat des citrons ») choisissait des « Préposés » qui organisaient la cueillette, surveillait les cueilleurs appelés « Tagliatori ». Les délégués contrôlaient la cueillette et ils s’assuraient que tous les exportateurs de citrons (qui allaient être vendus) aient bien pays « les droits » (impôts). « Les citrons doivent être cueillis secs, par temps serein. Ils doivent être transportés dans les corbeilles doublées de toile. Si on utilise une échelle elle ne doit pas abîmer les branches. Les cueilleurs ne doivent pas porter de souliers à clous. » Les porteurs de citrons s’appellent les « limoneuses » ou « limonaires ». Vers la fin du XIXe siècle, les citrons se vendent en caisse de 400 fruits environ. Le prix est calculé par « mille » et se situe entre 20 et 25 francs le mille. Les meilleures années, on a cueilli jusqu’à 40 millions de citrons. Depuis le XVIIIe siècle, les citrons étaient expédiés vers Lyon, Marseille, Bordeaux, Strasbourg, Paris, Milan, Turin, Bruxelles, Amsterdam, Copenhague, Francfort, Hambourg, Dantzig, Varsovie. Source : Agrumiculture-Mentonnaise
Le retour du cédrat en Corse. L’introduction du cédratier en Corse remonte à l’époque où l’île appartenait à la République de Gènes, l’actuelle Riviera italienne. Après des décennies d’absence, l’orangeraie du Cap Corse et son fruit historique connaissent une nouvelle vie à l’initiative des cultivateurs de la région. Les principales productions du Cap étaient les confitures, confiseries et liqueurs, mais le cédrat est aussi une plante utilisée en parfumerie et en cosmétique. Xavier Calizi a remis en culture en 2008 les terrains familiaux de son village natal, avec 4 hectares de cédratiers. Il a aussi planté une collection variétale qui permettra de découvrir quinze variétés de cédratiers, dont la plus spectaculaire est le cédrat « Maxima » qui peut atteindre 8 kilos ainsi qu’une ligne de cosmétiques, Cidralis. Source : Cedrat Corse