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Fascisme et parfumerie

Illustration: distillerie Gazan de Ventimille

Abstract. La région franco-italienne de Grasse est, depuis la fin du moyen-âge, l’un des principaux centres historiques de l’industrie de la parfumerie. Son essor remonte à l’exploitation des propriétés aromatiques de plantes autochtones utilisées pour la production de cuirs parfumés. Depuis cette époque, les parfumeurs grassois ont su diversifier leurs productions, en passant des objets parfumés aux huiles essentielles. Cette révolution repose sur une invention arabe, l’alambic, et ses perfectionnements successifs dans l’Espagne andalouse sous domination musulmane ainsi qu’en Italie. Les parfumeurs grassois ont par ailleurs développé une technique d’extraction par solvants, l’enfleurage, qui permettra d’exploiter les parfums délicats des fleurs. Les importants besoins en matière première de cette industrie ont conduit à une profonde métamorphose des paysages de ces régions, dont les plus récents ont concerné la région italienne voisine à l’époque du fascisme et sous son impulsion.

Avertissement. Cette publication est consacrée à l’histoire éphémère et méconnue de la parfumerie sur la Riviera italienne. Nous remercions pour leur collaboration les parfumeurs Essensé et Vecchia Distilleria qui perpétuent la culture des plantes à parfums dans cette région.

Sommaire
1.INTRODUCTION: PLANTES A PARFUMS, TERROIRS & PAYSAGES
2.L’ESSOR DE LA PARFUMERIE EN ITALIE AU XX° SIECLE
2.1 Chimie et parfumerie dans l’Italie fasciste
2.2 La parfumerie italienne et la riviera dei fiori
3.POSTFACE & BIBLIOGRAPHIE

Citer cet article: CASTELLANA Robert 2018. Le fascisme et le développement de la parfumerie sur la Riviera italienne: bibliographie commentée. CRP Edition. Publication  en ligne. Lien

1. INTRODUCTION: PLANTES A PARFUMS, TERROIRS & PAYSAGES

Ill. les étages climatiques de la végétation azuréenne  BACHES2001 

C’est au moyen-âge que les parfums s’imposent en Europe, avec le commerce des encens et des épices venus d’Orient. Servis par la proximité de l’Université de Montpellier et par une tradition bien établie de commerce avec la Méditerranée orientale, les parfumeurs grassois se spécialisèrent très vite dans l’extraction des parfums les plus délicats, ceux des fleurs, comme la rose, le jasmin et l’oranger.

Ill. L’orangeraie azuréenne (Carte extraite de l’ouvrage de Roseline Ferrando : Coulanes)

Avec la distillation des huiles essentielles, l’industrie de la parfumerie nécessita la production de grandes quantités de matières premières. Il faut en effet souvent plusieurs centaines de kilos de matière première pour produire quelques litres d’essence aromatique. Les importants besoins de la parfumerie allaient rapidement donner naissance à une industrie dévoreuse d’espaces. Les cultures de plantes aromatiques ont ainsi façonné le paysage et l’identité des Alpes méditerranéennes. Elles connurent leur apogée entre le XIX° et le XX° siècle, avant de céder plus récemment la place à la villégiature et aux jardins d’agréments. On produisait alors quelques 2000 tonnes de fleurs d’oranger, 1000 tonnes de roses, 500 tonnes de jasmin et 300 tonnes de violettes, ainsi que des quantités significatives de tubéreuse, de géranium, d’héliotrope, de jonquille, de réséda, d’œillet, cassier et autres espèces (près d’une trentaine). Malgré une régression spectaculaire, ces cultures participent toujours à l’imagerie exotique qui a fait le succès international de la Côte d’Azur. 

LA RIVIERA FRANCO-ITALIENNE & LES CULTURES DE PLANTES A PARFUM. L’industrie grassoise s’appuya originellement sur les plantes autochtones et des anciennes introductions de plantes étrangères, notamment celle des agrumes du fait de la forte concentration d’huiles essentielles qui les caractérisent. L’apport de la Riviera italienne est demeuré marginal et largement méconnu. Il faudra attendre l’essor du tourisme, au tournant du 20° siècle, pour que la parfumerie italienne prenne son envol, dans le contexte chaotique du fascisme de l’entre guerre. A cette époque, l’industrie grassoise innove une révolution due aux développements de la chimie. Elle avait été précédée par l’invention d’une nouvelle technique d’extraction, l’enfleurage à froid, un procédé permettant d’extraire grâce à des graisses les parfums particulièrement délicats des fleurs. La Riviera italienne joue à cette époque un rôle essentiel avec les développements de la floriculture. Source: CASTELLANA-JAMA-2012

HUILES ESSENTIELLES & EAUX PARFUMEES. Les principales productions attestées à la fin du 17° siècle dans les orangeraies de Sanremo & Bordighera montrent que les cultivateurs ligures maitrisaient déjà la distillation, et même la double distillation, des parties aromatiques des agrumes, les fleurs comme les feuilles.

Ill. le bigaradier ou oranger amer dont les fleurs, les feuilles, l’écorce et la pulpe sont toutes utilisées en parfumerie (Illustration de Risso 1826)

Delibere del consiglio di Sanremo. Nel 1662 Sanremo produceva da 20 a 25 milioni di limoni e diversi spiriti, olii, acque e essenze di agrumi.

* Spirito di limoni agri, dolci e cetroni dolci. Il 22 dicembre 1692. Viene data licenza di fare spirito di limoni agri, dolci e cetroni dolci quali però sijno compri per mano di sensale pubblico e che detti censali non possino li limoni agri esser compri meno di lire otto il migliaio.

* Fiori di cetrone. Il 4 maggio 1710. Sentiti gli inconvenieti che seguono in rubbar pomi e fiori di cetrone sopra gli alberi in grave danno agli padroni de giardini, hanno proibito a qualunque persona di comprar fiori di cetrone fuor dai veri padroni dei giardini.

* Essenza di limonesi. Dal copia lettere (Dal Gennaio 1767 al al 23 marzo 1769) la penultima lettera del 23 marzo, indirizzata a Mentone al Sig. Franco Anton Gismondi ”… L’essenza di limonesi paga lire 5.12 a 16 – io però ne tengo due stagnoni di quella fatta prima del gelo e compra da particolari incapaci di farti alcun per frando che a meno di L. 6 -10 non voglio rilasciarla, se mai farebe al vostro bisogno sarò a servirla a detto limite non a meno.

* Acqua di fior di aranci doppiamente distillata. Piaccervi di far nota di prendermi 20 o 25 fiaschi grandi d’acqua di fior di aranci della più perfetta e doppiamente distillata perché deve servire ad una certa casa di Londra, in maniera che l’amico resti ben soddisfatto.

* Olio estratta dalle foglie. Non solo dai fiori , ma anche dalle foglie so estraeva olio, tale operazione era seguita da privati, dai profumieri per loro uso e dai farmacisti per esercizio pubblico.

Source: Lui Cerin 2012. http://www.sanremonews.it/

2. L’ESSOR DE LA PARFUMERIE EN ITALIE AU XX° SIECLE

2.1 CHIMIE & PARFUMERIE DANS L’ITALIE FASCISTE

Illustration: la Revue Essenze e Profumi. Les premiers numéros de la Rivista italiana delle essenze e profumi (1919 &1921) qui devient en 1933 « Rivista italiana essenze, profumi e delle piante officinali », et “organo di propaganda del gruppo produttori materie aromatiche della Federazione nazionale fascista degli industriali dei prodotti chimici ed affini”.

LA REVUE ESSENZE & PROFUMI: EMMA LEVI FENAROLI. L’histoire italienne de la parfumerie remonte à l’Antiquité. Elle connait d’importants développements au tournant du 20° siècle. L’une de ses protagonistes est issue d’une famille juive de Turin, Emma Levi FENAROLI. Elle animera la Revue «Essenze e Profumi», qui fédéra les industriels des industries chimiques de la Péninsule jusqu’à son exclusion suite aux Lois Raciales antisémites promulguées en 1938.

Biografia.  Nata a Torino il 24 dicembre 1886 da Vito e Adele Carpi, nel 1912 si converti al cattolicesimo in seguito al matrimonio con il tenente colonnello Piero Fenaroli, deceduto in combattimento nel 1918. Nel 1919, forzata a cedere il suo laboratorio ove aveva lavorato col marito, diede la sua maggiore attività all’affermazione della Rivista italiana essenze e profumi, sorta per iniziativa del cav. Riccardo SUBINAGHl, uno dei pionieri dell’industria essenziera italiana. Divenuta in seguito proprietaria della Rivista, Emma FENAROLI lavorò per anni onde ottenere la riunione in un solo gruppo di categoria degli essenzieri italiani e vi riuscì con la creazione (8 maggio 1926) dell’Unione Italiana Produttori Materie Aromatiche, con sede in Milano. All’inizio del 1938, in seguito alle leggi razziali Emma Levi, venne radiata dall’Istituto italiano di storia della chimica di Roma, di cui era socio. Fu costretta ad interrompere la Nuova Rivista Olii Vegetali Saponi che fuse nella Rivista Essenze. Ma anche di questa dovette cedere la responsabilità di direzione.

LA FEDERATION FASCISTE DE LA CHIMIE. Les progrès de la chimie ont joué un rôle majeur dans la naissance de la parfumerie moderne. Dès 1890, les procédés d’extraction à l’aide de solvants volatils se généralisèrent ainsi à Grasse pour la rose, le jasmin, la jonquille, le réséda ou la tubéreuse. Ce procédé permet une transformation des matières aromatiques en une substance solide appelée concrète. Il connut aussi une grande extension en Italie, sous l’influence des industries chimiques regroupées par la suite sous l’impulsion du fascisme, sous la dénomination de « Federazione Nazionale Fascista degli Industriali dei Prodotti Chimici ». L’extraction par solvant consiste à dissoudre l’essence des fleurs dans un solvant non miscible avec l’eau afin de séparer la phase organique contenant le composé à extraire de la phase aqueuse. Cette technique fait intervenir trois étapes, lavages, extraction et purification. Les appareils extracteurs sont des autoclaves de grande capacité. Ils reçoivent deux ou trois paniers de toile métallique remplis de fleurs qui infusent dans le solvant. Le solvant circule d’un extracteur à l’autre et lave les fleurs plusieurs fois de suite pendant une durée d’environ six heures. Les fleurs sont placées pour cela dans un tambour horizontal dont la rotation favorise le contact avec le solvant. Après évaporation du solvant on obtient une sorte de gâteau coloré dont l’aspect solide lui a valu la dénomination de « concrète ». Elle se compose d’un mélange de cires inodores et des constituants odorants de la plante. Son traitement par l’alcool éthylique permet de séparer ces deux parties, puisque pratiquement seuls les constituants odorants sont solubles dans l’alcool. On agite à cet effet la concrète avec de l’alcool absolu dans des « batteuses-valseuses ». L’alcool dissout le parfum mais pas les cires, et pour retirer ces dernières, le mélange est placé à une température de -15° ce qui les solidifie. Après filtrage, on se trouve en présence d’un mélange alcool-extrait odorant que l’on concentre par distillation sous vide. L’alcool est récupéré pour servir à de nouvelles fabrications. Le résidu de la distillation est un extrait très condensé appelé « absolue ». A côté des fleurs, on traite aussi par les solvants volatils nombre de produits végétaux secs comme des lichens, des gommes ou des résines, et l’on obtient alors des produits nommés « résinoïdes » qui sont surtout utilisés dans la réalisation de compositions destinées à parfumer les savons. 

Ill. Les industriels de la chimie en 1896 autour du fondateur Stanislao Cannizaro dont la découverte de la dismutation des aldéhydes aromatiques porte le nom

Stanislao Cannizaro. Cannizzaro aveva scoperto la reazione di dismutazione delle aldeidi aromatiche che porta il suo nome, e ne aveva tratto una notorietà internazionale con una serie di note inviate alla rivista «Annalen der Chemie und Pharmacie», diretta dall’onnipresente Liebig. Dopo l’Unità, nell’autunno del 1861 Cannizzaro si trasferì a Palermo, e la storia della chimica italiana cominciò ad assumere un carattere più corale e meno episodico. Si trattò della costruzione di una scuola nazionale di chimica, di cui furono promotori infaticabili lo stesso Cannizzaro e il suo precoce e prediletto allievo Emanuele Paternò (1847-1935). dall’entrata in guerra dell’Italia nel maggio 1915, Le ricerche usuali furono in gran parte abbandonate, molti si dedicarono a indagini sugli aggressivi chimici, sia per la difesa, sia per l’offesa. Nell’Istituto di chimica farmaceutica dell’Università di Napoli, diretto da Arnaldo Piutti (1857-1928) furono prodotte 236 tonnellate di cloropicrina, un lacrimogeno. Altri parteciparono alla ricerca di materie prime e di risorse da impegnare nello sforzo bellico. Nel maggio 1914 i chimici avevano unificato le loro organizzazioni sindacali in un unico ente, l’Unione laureati in chimica. I dirigenti della comunità dei chimici italiani si allinearono all’estrema destra prima dell’ottobre 1922. Un grosso volume dal titolo La chimica in Italia fu pubblicato nel 1938 a cura di Parravano, in occasione del decimo Congresso internazionale di chimica pura e applicata tenuto a Roma nel maggio di quell’anno. In questo volume, i maggiori esponenti della comunità dei chimici garantivano a Benito Mussolini e al regime fascista che tutto andava per il meglio, in ogni singolo comparto dell’industria chimica. Il Manifesto della razza era stato pubblicato il 14 luglio 1938 e gli scienziati di origine ebraica espulsi dalle università. Link: chimica-tra-scienza-e-tecnologia Vedere anche: chimica-italiana-nel-xx-secolo

Ill. La Federazione Industriali Chimici devenue Federazione Nazionale Fascista degli Industriali dei Prodotti Chimici.

La chimica italiana nel XX secolo. Il rapporto scienza, industria e fascismo: tra propaganda, autarchismo e dilettantismo. La chimica applicata assolve durante il regime a un ruolo particolare. Sia perché l’industria chimica italiana si sviluppa, anche grazie all’intervento dello stato interessato alla produzione autarchica. Sia perché i chimici aderiscono pressoché in massa e, spesso, con gran convinzione al regime. Certo i chimici non sono gli unici scienziati italiani ad appoggiare il fascismo. Ma tra quelle scientifiche è forse la comunità più numerosa (Pietro Greco 2016 Rivista del Centro Studi Città della Scienza). Link: chimica-italiana-nel-xx-secolo

LA FOIRE DE MILAN & LE PALAIS DES PARFUMS. Les initiatives de promotion de la parfumerie se multiplient sous l’impulsion du fascisme. À la Foire de Milan de 1931 les principaux parfumeurs exposent ainsi leurs productions dans le Palais des Parfums. Cette exposition visait à montrer la place active occupée par la parfumerie dans le panorama industriel, par son implication dans des secteurs allant de la chimie à la mécanique et à la verrerie, en passant par la mode.

Ill. Fiera di Milano 1931: plan des stands. 

Sul finire degli anni ’20, il nostro paese aveva ritrovato la tranquillità necessaria per guardare al futuro economico con serenità, ma la crisi della Borsa di New York del 1929, che aveva coinvolto, oltre all’America, anche tutta l’Europa aveva ridimensionato le speranze. Passato il primo momento di sconforto erano state avviate riforme che avrebbero dovuto ridare fiato all’economia, e le iniziative a favore della Profumeria, considerata come una componente dell’economia nazionale, si moltiplicarono. Alla Fiera di Milano del 1931 le case di profumo piu importanti (tra cui Bertelli, Borsari, Cella, Fontanella, La Ducale, Migone, Satinine, Valli) avevano potuto esporre i propri prodotti addirittura in un Palazzo dei Profumi, dimostrando, se ancora ve ne fosse stato bisogno, che la profumeria era a tutti gli effetti parte attiva nel panorama industriale. Essa coinvolgeva produttori di vetri, industrie chimiche, meccaniche e di confezionamento. Una miriade di nuove case di profumo in quegli anni si propose sul mercato, trovando spazio adeguato. Link: accademiadelprofumo

2.2 LA PARFUMERIE ITALIENNE & LA RIVIERA DEI FIORI 

SANREMO & L’ESSOR DE LA FLORICULTURE LIGURE. Les tentatives de modernisation de la parfumerie initiées avant la 1ère guerre dans la région ligure font l’objet d’un constat d’échec au début des années 1920. En cause, le manque de matière première, malgré l’utilisation de la flore indigène (comme la lavande ou le thym) et l’essor de la floriculture qui avait nourri de grands espoirs. Les plantes cultivées pour les fleurs coupées ne contiennent en effet que peu d’éléments aromatiques, à part les roses Brunner et de Mai et quelques variétés d’œillets. On ne recensait ainsi qu’une petite centaine d’hectares de plantes à parfum dans la province d’Imperia, et en 1927 13 distilleries employant 4I ouvriers, donc une activité qui demeurait essentiellement artisanale. Le développement de la parfumerie industrielle allait toutefois connaître dans les années suivantes une nouvelle impulsion, comme dans l’ensemble de la péninsule italienne.

 Ill. Sanremo 1926 : Couverture de la Revue Profumi Italici éditée à Sanremo

VAGLIASINDI Gustavo 1920. La coltura ed il commercio dei fiori in Riviera, Le Vie d’Italia, 1920, pag. 199-206. Extraits de textes de Gustavo VAGLIASINDI qui fut le directeur de la chaire ambulante d’agriculture de San-Remo. 

« Chiunque, durante la stagione invernale percorra le campagne della Riviera — anche solo in ferrovia, o, meglio ancora, in auto – non può a meno di rimanere attratto e colpito dallo spettacolo meraviglioso e sorprendente che offrono le coltivazioni floreali, sviluppate e in produzione in pieno inverno, in piena terra e in pien’aria. La Riviera è nota per la sua Colonia Forestiera, per le sue Stazioni Climatiche invernali ed estive, per suo olio, per la tradizione marinara della gente ligure: è poco nota per le sue coltivazioni floreali che hanno ormai un primato agrario ed economico in tutta la regione estrema e maggiormente lo estenderanno e imporranno presto, con l’avvento dell’industria dei profumi naturali. Oggi la destinazione principale e preminente dei fiori è per il commercio di esportazione jemale dei fiori freschi recisi. Oggi e da alcuni decenni, malgrado la poca conoscenza che, sino a pochi anni or sono, si aveva della importanza agraria ed economica delle coltivazioni floreali e del commercio di esportazione anche nelle sfere ufficiali. »

« C’est bien peu de chose, comparé à ce que ça pourrait être ou ce que ça devrait être. Il s’agit principalement de fleurs spontanées ou de plantes cultivées pour d’autres buts (…) et sans réelle importance économique …/… Depuis longtemps, on exporte en France, à Nice, Grasse et Cannes». L’insuccès dû au refus des fabriques d’acheter la rose de mai est tel que tous les agriculteurs veulent les arracher mais ne savent pas quoi replanter, dans l’ignorance des besoins futurs des parfumeurs. L’auteur rappelle les mesures d’incitation financière et la facilité de mettre en culture des plantes à parfums dans les oliveraies en friche. Vagliasindi cite outre les roses, les fleurs d’oranger les violettes, les feuilles d’eucalyptus et l’acacia, ainsi qu’une tentative de valorisation d’œillets pour la parfumerie, mais dont le prix de vente couvrait à peine la main d’œuvre pour la cueillette et la distillation de la lavande (essentiellement sauvage) dont il note la présence dans les montagnes proches de la frontière. Une quarantaine d’alambics à feu direct y étaient en fonction au début du 20 ème siècle rappelle-t-il. »


TAGGIA & L’USINE GIOVANELLI (1920). La brève période de l’entre-guerre va voir un réel essor d’une parfumerie industrielle moderne. La création d’une usine de dimension notable est ainsi attestée pour la première fois à Taggia dans les années 1920, avec la mention de «La première fabrique italienne de matière première pour la parfumerie, la savonnerie et la pharmacie Giovanelli & C.». Selon son promoteur, cette initiative était portée par la conviction que la Riviera italienne avait les qualités nécessaires pour s’affranchir des productions de la parfumerie française. La distillation s’y pratiquait déjà, des essais avaient eu lieu sur la flore spontanée et Taggia était alors l’un des principaux centres de production florale avec la culture de la violette.

Ill. Rivista Italiana Essenze e Profumi 1921

«La fabrique était équipée pour l’extraction par solvant (fleurs délicates : violettes, jasmin, genêt), la préparation des absolues et des concrètes par concentration à l’aide de pompes hydropneumatiques, la distillation à la vapeur et alcoolique. La capacité était si grande que la firme pouvait traiter 1000 tonnes de roses sans préjudice aux autres productions. (…) Elle effectuait aussi l’extraction par enfleurage.» Cette initiative n’aurait toutefois pas trouvé de débouchés auprès des parfumeurs italiens, et il semble que Giovanelli exporta l’essentiel de sa production, ce que dénonce l’auteur qui stigmatise l’intrusion des parfums synthétiques et regrette le temps de Catherine de Médicis où la suprématie des parfumeurs italiens était incontestée. Il est effectivement attesté que des initiatives de développement d’une industrie de la parfumerie de synthèse existaient alors, en France et en Italie.

Source: Guido Rovesti, Milano, Gennaio 1921, Anno III, n.1 (scritto promozionale relativo alla prima fabbrica italiana di materie prime per la profumeria e saponeria e farmaceutica Giovannelli & C. di Taggia, Porto Maurizio: con immagini illustrative e riferimenti all’avv. Fedele Jemma, di Roma, con studio a Taggia; al prefetto di Porto Maurizio comm. Cotta, ad Alfredo Giovannelli De Noris, Domenico Nuvoloni, prof. Allegri, Raffaele De Carolis, ing. Arrigo (sindaco di Taggia), avv. Volonterio, avv. Martinelli, Giacomo Gandolfi, L. Vitale della Subinaghi, rag. Rossetto, Alphonse Karr, Ludwig Winter, Nizza, Costa Azzurra, Mortola, Ventimiglia, R. Pavesi, l’antica Tabia ora Taggia, … con alcune immagini della distilleria, prospetti o panoramiche e fasi di lavorazione, con anche visibili alambicchi e una batteria mobile per la distillazione in montagna.

Ill Distilleria Vallecrosia 1926

L’usine de la “Societa Italo-Francese Profumi e Prodotti Chimici” de Vallecrosia faisait partie d’un site industriel impulsé à l’époque fasciste et qui comportait plusieurs entreprises, confiserie, chimie, céramique, entreprises industrielles alimentées en eau et en électricité par des infrastructures d’envergure. Une importante partie du site existe toujours mais n’est plus en activité. L’usine comportait des salles de distillation et d’extraction par solvants. L’extraction du parfum des fleurs les plus délicates était pratiquée par enfleurage à froid ou dans des bassins chauffés au bain-marie. La graisse prenait le parfum des fleurs et était ensuite traitée avec de l’alcool. La société Italo-Française de Vallecrosia avait par ailleurs créé une pépinière qui occupait 6 hectares. Elle produisait 345.300 tubéreuse, 15.000 Acacia farnesiana, 130.000 Rose de mai centifolia, 11.500 oranger amer, 85.000 jasmin, destinés à la plantation dans les environs de Sanremo.

LA PARFUMERIE ITALIENNE: ETAT DES LIEUX AU XX° SIECLE.

ACCADEMIA DEL PROFUMO (1900-1970). Il ‘900 consacra la profumeria italiana come la più importante e diffusa sul territorio nazionale. Alcune case cosmetiche hanno una produzione che soddisfa un’esigenza provinciale o regionale, altre esportano con successo i loro prodotti anche all’estero. Link: accademiadelprofumo

3. POSTFACE

INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

*RIVISTA AGRICOLTURA LIGURE (octobre 1922). «Toutes les zones de Sanremo situées en pied de colline sont indiquées pour la culture du jasmin. (…) on pourrait cultiver des plantes aromatiques, médicinales ou pour la liqueur sur des terrains incultes ou abandonnés, ou encore dans les oliveraies.»

*RUATTI Giuseppe (1929). L’economia floreale della Liguria, pp.81sq. «Il est nécessaire d’obtenir plus encore de la culture des plantes aromatiques et médicinales, ce qui découlera de l’intensification, en particulier de la lavande, du thym, de la mélisse, de la camomille, de la menthe, de l’origan, et en instituant des cultures nouvelles comme la belladone, la digitale, la jusquiame, et le pavot –dont il a été démontré que les quantités d’opium sont similaires à celles obtenues en orient, la teneur en morphine arrive même à 17% et les graines contiennent de 40 à 50% d’huile-, de pyrèthre et de stramoine. Mais il faudra aussi augmenter le travail du myrte, de la sauge sclarée, vu le patrimoine de plantes officinales, à essence et médicamenteuses que possède la province, et qui attendent une meilleure valorisation. »

*STACCHINI, Paolo, DONTE, Vincenzo Guido, GARIBBO, Giovanni. 1934. La provincia di Imperia. Consiglio provinciale dell’economia corporativa, Imperia. 

COMPLEMENTS

La parfumerie et le Fascisme en France

Au début du XXe siècle, le jeune parfumeur François Coty, fondateur de la Société des Parfums Coty (Calvin Klein, Cerruti, Jennifer Lopez, Rimmel, aujourd’hui détenue par la famille Reimann) qui avait fait ses armes chez Guerlain, tente d’importer en France ses préférences politiques, d’inspirations mussoliniennes. A l’époque, l’héritier d’orangeries et de distilleries corses comprend bien vite l’intérêt de la publicité pour attirer les masses et construire un empire : à la veille de la guerre, les parfums Coty deviennent numéro 1 dans le monde avec des succursales à New York, Londres, Moscou et Buenos Aires. En 1920, il se lance dans la politique et cherche à importer en France le fascisme italien : il rachète d’abord « Le Figaro » et « Le Gaulois », qu’il droitise durement, puis soutient une succession de diverses mouvements plus ou moins racistes, comme Le Faisceau de George Valois,  l’Action Française, puis les Croix de Feu, dont le siège social est situé dans les locaux du « Figaro ». Avant de fonder, en 1933, sa propre ligue fasciste, Solidarité française, d’obédience maurassienne. Autre figure historique du parfum à l’ère industrielle : Eugène Schueller. En 1907, le père de Liliane Bettencourt, la femme la plus riche du monde, fonde le groupe L’Oréal,  tout en subventionnant le Comité secret d’action révolutionnaire (CSAR), un mouvement terroriste d’extrême droite surnommé La Cagoule, dont André Bettencourt, son futur gendre, est un militant actif. En 1941, il crée le Mouvement social révolutionnaire, ouvertement pronazi, avec l’approbation du chef de la Gestapo, Reinhard Heydrich. Après la guerre, il est lavé de tout soupçon de collaboration et obtient même la croix de guerre et la Légion d’honneur.

Source : Marie Vaton. Ces parfums aux odeurs d’extrême droite – Le Nouvel Observateur 2013.  Ces parfums aux odeurs d’extrême droite. Link nouvelobs.com