Mots-clés / Keywords: Formation en Santé, Sécurité et Conditions de Travail (SSCT), Comité Economique et social (CSE), Politiques d’Amélioration des Conditions de Travail (ACT), Démarches Hygiène, Qualité, Sécurité et Environnement (HQSE), Évaluation des Risques Professionnels (EVRP), Qualité de Vie et Conditions de Travail (QVCT), Accidents du Travail et Maladies Professionnelles (AT/MP), Risques Psycho-Sociaux (RPS)
Citer cet article : CASTELLANA Robert 2025. Essai d’inventaire des politiques d’amélioration des conditions de travail (ACT) et des logiques des acteurs impliquées dans leur mise en œuvre. Chapitre 6/7. Ergonomie et analyse du travail. CRP édition en ligne. Lien
Sommaire
Introduction à l’ergonomie et à son rôle dans l’amélioration des conditions de travail
Analyse ergonomique et notions de travail prescrit et de travail réel
Définition des déterminants ergonomiques d’une situation de travail
Les principaux outils, démarches et méthodes d’analyse ergonomique
Les organismes et les ressources en matière de formation ou d’intervention en entreprise
En savoir plus : références bibliographiques
Introduction à l’ergonomie et à son rôle dans l’amélioration des conditions de travail. L’ergonomie étudie les interactions entre l’homme et son environnement dans le souci d’améliorer confort, sécurité et performance. Elle vise donc plus particulièrement à prévenir les risques et à améliorer les conditions de travail. Une intervention ergonomique peut notamment permettre de réduire le stress, les troubles musculosquelettiques (TMS), la pénibilité et l’usure professionnelle. Une meilleure ergonomie augmente aussi la productivité en réduisant les tensions physiques comme mentales. Elle favorise ainsi une atmosphère de travail positive, renforce la motivation, réduit les erreurs humaines, améliore la qualité du travail et diminue l’absentéisme. Son implémentation en entreprise nécessite des audits, des formations et des ajustements d’équipements. Elle rencontre souvent des obstacles comme son coût ou la résistance au changement. Il est donc essentiel au préalable de sensibiliser et former les managers et les équipes pour surmonter ces obstacles, en mettant en avant les bénéfices à long terme. L’ergonomie se divise en plusieurs branches : physique (adaptation des postes de travail pour éviter les blessures), cognitive (optimisation de la charge mentale et prévention des erreurs humaines), organisationnelle (amélioration de l’organisation du travail et des équipes) et de conception (création et amélioration des outils en fonction des besoins des utilisateurs). De par sa dimension participative, l’ergonomie vise enfin à impliquer les travailleurs dans l’analyse et l’aménagement de leur poste, permettant une meilleure adaptation aux besoins réels des employés. En renforçant leur bien-être et leur adhésion aux mesures mises en place, cette approche contribue ainsi à la mise en place d’un environnement de travail plus adapté.
L’ergonomie et les notions de travail prescrit et de travail réel. Les notions de travail prescrit et de travail réel sont essentielles dans la démarche de l’ergonomie. Le travail prescrit désigne les tâches définies par l’employeur, tandis que le travail réel fait référence aux activités effectives des salariés, lesquelles doivent souvent être adaptées en fonction des contraintes matérielles, techniques et organisationnelles. Les écarts entre travail prescrit et réel peuvent augmenter les risques d’accidents, de maladies professionnelles et de troubles psychologiques. Ignorer ces écarts peut ainsi créer un environnement de travail dangereux, mettant en péril la sécurité des travailleurs et conduire à la détérioration de leurs conditions de travail. Le travail prescrit est un cadre normatif qui assure la conformité des activités dans l’entreprise. Toutefois, il ne tient pas toujours compte des imprévus ou variations sur le terrain, créant un fossé entre les attentes organisationnelles et la réalité du travail quotidien. Le travail réel reflète l’exécution des tâches dans des conditions souvent influencées par des contraintes matérielles, des imprévus ou des délais urgents. Face à ces contraintes, les travailleurs adaptent leurs méthodes, parfois au détriment de la sécurité. Si ces stratégies de « contournement » permettent de surmonter des obstacles immédiats, sans une prise en compte organisationnelle elles peuvent exposer les travailleurs à des risques accrus, notamment en l’absence de formation adéquate. Les facteurs influençant le travail réel sont pour l’essentiel les conditions matérielles (outils, aménagement de l’espace), humaines (manque de personnel, formation insuffisante) et temporelles (délais serrés) influencent fortement le travail réel. L’observation de type ergonomique consiste à analyser directement les conditions de travail avec les salariés. Elle permet ainsi de valoriser les retours d’expériences et les bonnes pratiques et de mieux gérer les écarts entre travail prescrit et travail réel. Il est nécessaire pour cela d’ajuster régulièrement les tâches et les procédures en fonction des retours des travailleurs. L’entreprise doit réévaluer ses processus et former ses équipes pour mieux gérer ces ajustements, réduisant ainsi l’écart entre la norme et la réalité, et améliorant la sécurité et la performance globale.
Définition des déterminants ergonomiques d’une situation de travail. Au cœur de la démarche ergonomique, les déterminants désignent les éléments influençant l’interaction entre l’homme, l’outil et l’environnement de travail. Cela inclut la machine, le produit, l’environnement humain et matériel. Chacun de ces facteurs joue un rôle dans l’adaptation des tâches aux capacités des travailleurs, améliorant ainsi leur confort et leur sécurité tout en optimisant la performance. L’analyse de ces déterminants permet à la fois d’identifier les risques et les leviers d’amélioration. La machine, comprenant équipements et outils, doit être conçue pour garantir sécurité et confort. Une mauvaise conception, comme des commandes mal placées ou un entretien insuffisant, peut entraîner des troubles musculosquelettiques et des erreurs. L’ergonomie vise à optimiser la conception des machines pour prévenir ces risques et améliorer la productivité. Le produit manipulé a un impact direct sur l’exécution des tâches par sa forme, son poids et sa taille. Des produits mal conçus, trop lourds ou difficiles à saisir, peuvent provoquer des blessures. L’ergonomie veille à ce que les produits soient adaptés aux capacités physiques et psychologiques des employés. L’environnement matériel comprend les éléments physiques du lieu de travail, comme l’agencement des espaces, l’éclairage, le bruit et la température. Un environnement mal conçu peut entraîner fatigue, erreurs et accidents et nuire à la fois à la sécurité et à la productivité. Des espaces bien conçus, avec une circulation fluide et un accès facile aux outils, favorisent ainsi la productivité et réduisent les risques d’accidents. L’environnement humain inclut les relations au sein de l’équipe, la communication et la culture de l’entreprise. Une organisation du travail mal structurée, des conflits ou une communication déficiente peuvent affecter la performance et le bien-être des employés. Les interactions entre les différents déterminants ergonomiques doivent être analysées dans leur globalité. L’ergonomie prend en compte l’importance de ces interactions afin d’identifier les dysfonctionnements et de proposer des solutions adaptées pour améliorer la sécurité, la performance et le bien-être au travail.
Les principaux outils, démarches et méthodes d’analyse ergonomique. Divers organismes offrent un accompagnement ergonomique et des outils pour améliorer les conditions de travail. Leurs expertises aident à intégrer des pratiques ergonomiques adaptées aux besoins des entreprises. L’audit ergonomique est tout d’abord une approche globale. Il porte à la fois sur les machines, les outils, les processus, l’environnement de travail et les risques psychosociaux. Il consiste à observer les travailleurs en situation réelle pour identifier les problèmes de nature ergonomique. Des études de postes permettent ainsi de repérer les gestes répétitifs, les postures contraignantes et d’autres conditions matérielles défavorables. Diverses méthodes d’évaluation structurent l’observation des postes de travail et la détermination d’actions correctives si nécessaire. Parmi elles la méthode REBA (Rapid Entire Body Assessment) évalue les risques physiques liés aux postures et mouvements répétitifs. Elle permet d’analyser la posture globale du corps, de calculer un score de risque et d’identifier les zones à risque, proposant des améliorations pour réduire la pénibilité des tâches. La méthode OCRA (Occupational Repetitive Action) permet elle aussi d’évaluer les risques liés aux gestes répétitifs. Elle analyse la fréquence, la durée et l’intensité des mouvements. Ce genre de diagnostic aide à déterminer les risques de TMS et à proposer des solutions pour alléger la charge de travail et améliorer l’organisation. En complément, des entretiens avec les travailleurs aident à comprendre leurs perceptions des risques, comme par exemple les questionnaires de pénibilité. Ils visent à recueillir les perceptions des travailleurs sur l’ensemble des facteurs de pénibilité, dont le stress, la violence, le harcèlement et la surcharge cognitive, des facteurs souvent liés à des troubles physiques et mentaux à terme. Ce type de diagnostic participatif implique par ailleurs les travailleurs dans l’évaluation des risques ergonomiques. En recueillant leurs ressentis et difficultés, il permet aussi d’identifier des problèmes invisibles ou mal compris par la direction, garantissant une analyse plus complète et une meilleure acceptation des mesures correctives.
Les organismes et les ressources en matière d’intervention en entreprise. Parmi les organismes spécialisés qui interviennent auprès des entreprises en matière d’ergonomie, l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) est l’un des principaux organismes dans le domaine de la prévention des risques professionnels en France. Il propose des guides, études et outils pour évaluer les risques ergonomiques. L’INRS offre aussi des formations et des interventions pour améliorer la sécurité au travail et accompagner les entreprises dans leurs démarches de prévention. Autre organisme paritaire, l’ANACT (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail) soutient de même les entreprises dans l’amélioration des conditions de travail, notamment en matière d’ergonomie. L’ANACT encourage également des démarches participatives impliquant les travailleurs dans la gestion des risques. Les CARSAT (Caisses d’Assurance Retraite et de Santé au Travail) proposent de leur côté des services de conseil personnalisés pour aider les entreprises à analyser et prévenir les risques liés à la pénibilité, en particulier dans les secteurs à risque élevé. Elles financent également des formations en ergonomie et interviennent directement sur le terrain pour identifier les risques et proposer des solutions adaptées. Les services de santé au travail offrent enfin des conseils personnalisés sur la prévention des risques ergonomiques. Ils évaluent l’impact des conditions de travail sur la santé des salariés et contribuent à définir des actions correctives, comme l’aménagement des postes de travail et la formation des travailleurs sur les bonnes pratiques ergonomiques. En dehors de ces instances paritaires, des ergonomes indépendants offrent aussi des services sur mesure aux entreprises, dans l’aménagement des postes de travail, la gestion de la pénibilité et la prévention des TMS. Une association comme l’AFE (Association Française d’Ergonomie) offre ainsi des ressources, formations continues, échange de bonnes pratiques en ergonomie. Elle aide également les entreprises à se connecter avec des experts en ergonomie. Des plateformes en ligne proposent dans le même esprit des services de conseil, particulièrement pour les petites et moyennes entreprises. Elles offrent des outils d’évaluation, des guides pratiques et des consultations à distance, permettant ainsi aux entreprises d’obtenir un accompagnement ergonomique adapté à moindre coût.
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EN SAVOIR PLUS
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BERTHET M, CRU D 2003. Travail prescrit, travail réel et santé au travail. De nouveaux modes d’intervention ergonomique. Travail et emploi, n° 96, octobre 2003, pp. 85-96. Lien
LAVILLE A 2001. Repères pour une histoire de l’ergonomie francophone. 36e congrès de la SELF. Les transformations du travail, enjeux pour l’ergonomie. Association Canadienne d’Ergonomie. Lien